
Partir 52 jours avec seulement un kayak en guise de maison ça m’oblige à réfléchir consciencieusement à ce que je vais prendre avec moi. Ma nourriture va donc être choisie en fonction de la place d’une part mais aussi du côté pratique et transportable sur une longue durée, d’une autre.
Ma naturopathe, Marie Sicot, a établi un programme nutritionnel que je dois suivre pendant ma préparation pour être prêt à descendre la Seine à la nage. Si vous voulez savoir de quoi est constitué ce régime je vous invite à aller voir cette vidéo et à aller lire cet article.
Pendant mon aventure, je ne pourrai pas prendre de produits frais ni trop de produits solides car j’ai très peu de place: j’ai prévu de prendre avec moi 90 litres de nourriture qui seront placés dans différents sacs étanches. Sachant que je ne serai pas ravitaillé, ni par mon équipe ni par les riverains, je vais devoir tenir presque deux mois, seulement avec ce que j’ai pris avec moi.

Après avoir discuté et réfléchi aux différentes alternatives pour que je mange bien et en quantité suffisante, on a convenu ceci :
Le matin je prendrai une soupe miso (riche en protéines, elle est bonne pour la flore intestinale grâce à ses nombreux enzymes) que j’agrémenterai d’algues sèches ou de shitakés déshydratés puis je mangerai une poignée d’oléagineux (noisette, amande, noix de cajou…) et de fruits séchés (mangue, pomme, banane, figue, raisin…) pour obtenir une dose de bon sucre et de bonnes graisses, et si j’ai encore faim je prendrai une barre de céréale. Les barres de céréales que je prendrai seront sûrement faites maison, ce seront en réalité des plaques de céréales, c’est-à-dire un mélange de céréales et de noix que je cuirai au four en amont et que je conserverai durant tout mon parcours (voir photo du prototype ci-dessous). Pour le repas du midi, je reprendrai du mélange oléagineux/fruits secs et je boirai en plus un mélange de lait végétal (amande ou coco) + protéines végétales pour avoir des forces pour nager l’après-midi. Enfin, le soir je mangerai un repas chaud lyophilisé (sans gluten, sans lactose et végétarien) type curry de lentilles au légumes ou riz et légumes que je cuirai grâce à mon réchaud, avec une compote lyophilisé et une pâte d’amande si je ne suis pas rassasié.

La majeure partie de ma nourriture sera issue de l’agriculture biologique. Mon régime actuel étant déjà sans lactose provenant du lait de vache, végétarien et sans gluten je continuerai à m’alimenter de la sorte lors de mon défi.
Mais pourquoi bannir la viande, le lactose et le gluten de mon alimentation ?
LE LAIT DE VACHE
Je consomme de temps en temps du lactose provenant du lait de brebis ou de chèvre mais j’ai banni de mon alimentation le lactose provenant du lait de vache.
- Le lait de vache, contrairement à ce que l’on croit, n’est pas destiné à l’Homme. La vache produit du lait pour ses veaux, qui n’ont pas les mêmes besoins que les humains. Le lait de vache est donc très chargé en graisses saturés et en caséine que le corps humain ne digère pas correctement, ce qui perturbe la flore intestinale et peut entraîner une perméabilité intestinale. De plus, le lait de vache contient des hormones de croissance, des antibiotiques et des pesticides à cause de l’élevage intensif, de la pauvreté des sols et de la pollution. De nombreux problèmes peuvent survenir chez l’Homme à cause d’une trop forte consommation de produits laitiers (diabète, sinusites, bronchites, allergies, ostéoporose…) En cherchant bien, on trouve des articles très intéressants qui déconstruisent toutes les idées reçues que l’on nous impose depuis des années.
- D’un point de vue écologique, consommer des produits laitiers est très néfaste. Il faudrait entre 17 et 64 litres d’eau pour produire 1L de lait de vache, ce chiffre varie et dépend du système d’élevage mais reste important. La production, la transformation et le transport des produits laitiers représenteraient 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Moins consommer de produits laitiers, mais plus généralement, moins consommer de viande, c’est respecter l’environnement.
- D’un point de vue éthique: l’élevage intensif des vaches est terrible. Elles sont privées de leurs veaux, ne servent qu’à produire sans cesse et l’on ne respecte pas leur mode de vie.
Arrêter le fromage et les yaourts n’a pas été facile. Le plus dur a été de faire mes courses différemment mais maintenant que l’habitude est prise ce n’est plus du tout contraignant.
LA VIANDE
Je suis végétarien depuis 3 ans maintenant car j’ai développé une conscience écologique et éthique après ma traversée de la Manche.
- Produire de la viande consomme énormément d’eau, cela rejoint le problème des produits laitiers. Il faudrait entre 550 et 700 litres d’eau pour produire 1kg de boeuf. Ces chiffres varient et dépendent des méthodes de calcul et de l’eau de laquelle on parle (eau verte, eau bleue, eau grise) mais ce ne sont pas des chiffres à prendre à la légère. Manger de la viande consomme trop d’eau. Mais aussi beaucoup trop de céréales, entre 7 et 16 kilos de céréales pour produire 1kg de viande. Ce chiffre peut aussi varier bien entendu mais est trop élevé si l’on étudie la balance bénéfice/risque.
- D’un point de vue éthique, manger de la viande est désastreux. L’élevage intensif et la maltraitance des animaux est un véritable fléau. C’est pourquoi il faut privilégier la viande biologique et locale si possible, il faut savoir d’où vient la viande que l’on mange et de quelle manière elle a été tuée.
- D’un point de vue nutritionnel, la viande comporte des protéines utiles à l’Homme. Mais de nombreuses protéines végétales peuvent se substituer à ces protéines animales. On peut faire notamment des associations permettant d’obtenir les bonnes protéines nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme: maïs + haricots rouges, lentilles + riz, haricots blancs + sarrasin…
Arrêter la viande n’a pas été très difficile pour moi étant donné que je n’ai jamais été un grand fan. En revanche, je peux vous conseiller un podcast inspirant qui vous guidera si vous souhaitez sauter le pas.
LE GLUTEN
- Le blé que l’on consomme aujourd’hui n’est plus le même que le blé ancien. Nous consommons actuellement du blé transformé qui se cultive mieux, que l’on peut produire en plus grande quantité et qui contient plus de gluten. Le gluten qui se forme lors du pétrissage et que l’on retrouve aussi dans l’orge, le seigle et l’avoine est difficile à digérer, et encore plus maintenant depuis qu’il est transformé. D’un point de vue nutritionnel, il perturbe le microbiote, donc la flore intestinale et peut créer des ballottements, des constipations, des douleurs d’estomac… L’intolérance au gluten est une réelle maladie. Tout le monde n’est pas intolérant au gluten, certains le supportent mieux que d’autres mais le gluten reste à consommer avec modération si l’on veut préserver son organisme.
- Hormis la mauvaise assimilation du gluten par l’organisme, si l’on s’intéresse au blé, que l’on trouve absolument partout: pain, gâteaux, bières, confiseries, viandes traitées, beignets, frites et plein de produits transformés auquel on ne pense même pas, l’on remarque que c’est une céréale qui contient énormément de produits phytosanitaires. Le blé est la quatrième culture la plus consommatrice de pesticides. Cette surconsommation de pesticides met en danger notamment la pollinisation car ces pesticides se retrouvent dans l’air, dans l’eau, dans le sol. Consommer du blé bio provenant d’agricultures qui n’ont pas recours aux produits chimiques de synthèse peut être une solution mais selon moi, réduire sa consommation de blé et donc de gluten est la meilleure solution sur le long terme.
J’ai appris à cuisiner sans gluten, au début ça finissait souvent mal (mes amis à qui j’ai fait goûter mes premiers gyozas sans gluten peuvent en témoigner !), puis je me suis amélioré et aujourd’hui j’arrive à faire des gâteaux gourmands qui plaisent même aux plus réticents.
CONCLUSION
D’un point de vue nutritionnel, écologique et éthique, il est important de réduire et même d’éliminer les produits laitiers, la viande et le gluten de notre alimentation. Depuis que je fais attention à ce qui se trouve dans mon assiette et en achetant bio, local, de saison, je me sens mieux physiquement, mes performances sportives se sont améliorées, mais aussi mentalement, j’ai les idées plus claires et je suis plus joyeux.
Être écolo ce n’est pas simplement trier ses déchets et acheter des bouteilles en verre, être écolo c’est adapter son mode de vie à ses valeurs. Et cela passe donc forcément par l’alimentation. J’ai appris à cuisiner et j’y ai trouvé du plaisir, non seulement à mieux connaître les aliments mais à les déguster d’une autre manière, et cela ne m’empêche pas d’être glouton !
Descendre la Seine à la nage, ce n’est pas simplement nager et bivouaquer, c’est aussi transmettre un message en amont et en aval du projet. Un message écologique certes mais un message qui porte sur le fonctionnement de notre mode de vie, donc qui prend en compte l’alimentation. En changeant sa manière de se nourrir, on peut protéger la planète et se protéger soi tout en prenant du plaisir à le faire !
J’espère pouvoir trouver des gens réceptifs à mon message. Merci à tous d’avoir lu cet article et un énorme merci à Marie Sicot qui m’a beaucoup appris et qui m’accompagne avec bienveillance depuis 2 ans.